Cyber harcèlement : ne pas rester sans rien faire

C'est encore une bien triste histoire de harcèlement qui a endeuillé une famille le wee-end dernier. Des cas très médiatisé sont venus mettre en lumière une problématique qui serait bien présente dans les écoles.

Selon une étude menée par un chercheur et enseignant à la faculté de Psychologie et des Sciences de l'éducation de l'UCL, Benoît Galand, le phénomène du harcèlement scolaire serait plus présent à la fin du primaire et au début du secondaire. Ce psychologue a interrogé quelque 6 500 élèves de la 3ème primaire à la 6ème secondaire en Fédération Wallonie-Bruxelles. Sur cette base, il met en évidence que 20 à 30 % des jeunes sont impliqués dans le harcèlement, en tant qu'auteur ou victime voire les deux. Environ 15 % sont plutôt victimes de harcèlement, quelque 10 % sont des harceleurs tandis que 5 % sont des harceleurs-victimes". Ces harceleurs-victimes sont en fait d'anciennes victimes de harcèlement qui appliquent à d'autres ce qu'on leur a infligé.

On peut définir le harcèlement comme des paroles blessantes accompagnées ou non d'actes violents de la part d'un élève ou d'un groupe d'élèves envers un de leurs camarades. Ces paroles et/ou actes sont répétés et ne laissent aucun répit à la victime. Cette violence peut être aussi bien physique que verbale ou encore psychologique.

Si le phénomène existe de longue date, l'omniprésence des réseaux sociaux et la génération des "digitals natives" lui a fait prendre un nouveau visage, le cyber harcèlement.

Aujourd'hui, le harcèlement quitte les cours de récréation, ou les alentours des écoles, pour s'étendre jusque dans les foyers. Avec l'avènement d'Internet et des smartphones, le harcèlement scolaire ne laisse plus aucun répit aux jeunes victimes, il les suit chez eux. Il est présent tout le temps, jour et nuit.

Les cas de cyber harcèlements sont de plus en plus nombreux, tant il est facile d'insulter et de maltraiter un individu caché derrière son écran. D'après une enquête de Child Focus "1 jeune Belge sur 3 (34,3 %) a déjà été victime de cyber-harcèlement, 1 sur 5 (21,2 %) reconnaît avoir été cyber-harceleur, et 76 % des 12-18 ans ont été témoins d'une situation de cyber-harcèlement sans y être impliqués activement." (Le Vif 14 novembre 2014).

Que faire face à cela ?

En parler, pour le jeune est difficile. Pourquoi ? Par peur d'éventuelles représailles, par honte aussi. Parfois aussi parce que le jeune se dit que "ce n'est pas si grave que cela". Pourtant c'est leur répétition, tel le supplice de la goutte en quelque sorte, qui poussera la victime dans ses derniers retranchements.

Il est donc primordial que l'adulte, qui se rend compte du harcèlement, ne brise pas le dialogue avec le jeune. Dialogue qu'il sera sans doute difficile à établir. Il doit chercher à en savoir plus, mais sans brusquer l'adolescent. Là est toute la délicate question de poser des questions sans en avoir l'air et en évitant la manière intrusive ou trop directe, de peur de voir la victime se fermer... et nier toute forme d'harcèlement.

Prendre la tangente en l'interrogeant de manière détournée, sous forme d'hypothèse par exemple, ou lui tendre des perches en racontant ce qui est arrivé à d'autres enfants (des faits divers entendus récemment ou qui se sont passés dans l'entourage) afin de lui permettre de s'exprimer lui aussi, de raconter petit à petit son vécu.

Il faudra apprendre au jeune à mettre des "mots sur ses maux" car au plus profond du gouffre du harcèlement il n'en sera pas capable.

Pour en savoir plus http://www.stopcyberhate.be.

Les ados peuvent également contacter le 103, Service Ecoute-Enfants de 10h à 24h chaque jour.

Source : Le vif