CGSU : unités spéciales de la police fédérale

La Direction des unités spéciales est l'un des services de la Direction générale de la police judiciaire.

Elle est composée d'un nombre d'unités centrales et déconcentrées.

Les Unités Spéciales forment une direction performante qui, sous la responsabilité des autorités judiciaires, administratives et politiques compétentes, offre tant un appui divers que spécialisé aux services de la police intégrée ainsi qu'aux autres services publics.

Les Unités Spéciales fournissent leur expertise en matière de gestion de situations de crise, d'appui aux enquêtes judiciaires en participant au recueil spécialisé de l'information,

d'arrestation de suspects dangereux, d'exécution de missions de protection et collaborent à l'identification de restes humains.Toutes ses tâches sont exécutées sous la responsabilité des autorités compétentes.

Elle n'agit jamais de sa propre initiative mais seulement avec l'accord formel d'une autorité judiciaire ou administrative, par exemple le Procureur du Roi ou le bourgmestre.

Ses missions sont :

* L'organisation, la gestion, la direction et la coordination opérationnelle des unités spéciales centrales et déconcentrées en vue de l'exécution :

- des méthodes particulières de recherche, d'observation et d'infiltration.

- des autres méthodes de recherche que sont les contrôles visuels discrets et les écoutes directes.

- des missions spécialisées de surveillance, de protection et d'intervention.

- des mesures de protection spéciales dans le cadre de la protection des témoins.

- de l'identification des victimes.

- de l'appui technique des missions mentionnées ci-avant.

*La gestion des facilités techniques centrales d'interception des télécommunications.

Historique : de Diane à la CGSU

En 1972, après la prise d'otages des athlètes israéliens lors des Jeux Olympiques de Munich, le gouvernement de l'époque ordonne au Commandant de la Gendarmerie de créer une

unité qui lutterait contre le terrorisme. Cet ordre a mené à la naissance du groupe Diane.

En 1974, l'unité reçoit une structure en deux parties : la première axée sur l'intervention et la seconde chargée de la protection et de la sécurisation des lieux sensibles.

Quelques années plus tard, confronté à une criminalité grandissante et à une vague d'enlèvements, le groupe investit dans les premières techniques d'observation et de filature.

C'est à ce moment là que le service reçoit le nom d' « Escadron Spécial d'Intervention » (ESI).

Dans les années 80, les demandes d'appui augmentent de manière exponentielle. Les Unités Spéciales ne sont plus en mesure de répondre favorablement à toutes ces demandes. C'est pourquoi les pelotons décentralisés pour « la Protection, l'Observation, l'Appui et l'Arrestation » (POSA) sont créés en 1984 à Anvers, Bruxelles, Charleroi, Gand et Liège.

En 1988, le Commandant de l'ESI, reçoit pour mission de centraliser les forces des Unités Spéciales.

En 1992 et 1993, Le « Disaster Victim Identification Team » (DVI) et le « Undercover team » (UCT) ont été intégrés dans la structure de l'ESI.

Cela a donné un rôle de premier rang à l'ESI en matière de soutien et d'appui à la justice ainsi qu'aux services de police belges.

Suite à la réforme des services de police belges en 2000, les Unités Spéciales ont été incorporées à la Direction générale de l'appui et de la gestion de la police fédérale et ont été

rebaptisées « Direction Special Units » (DSU). La Brigade spéciale chargée de réfréner la criminalité grave (BNB), également connue sous la dénomination de 23ème Brigade et créée en 1988 au sein de la Police judiciaire auprès des Parquets, est également reprise au sein de la DSU lors de cette réforme.

Suite à la réforme de la police fédérale en 2007 (passage de 5 directions générales à 3), les Unités Spéciales ont été intégrées au commissariat général.

Depuis, elles s'appellent « CGSU » ou « Commissariat général Special Units » et dépendent directement de la commissaire générale.

Sélection et formation

En 2012, la direction des Unités Spéciales est composée de 512 membres : 450 fonctionnaires de police et 62 civils.

L'évolution et l'augmentation de la criminalité exigent des membres des Unités Spéciales l'apprentissage de techniques et de tactiques très spécifiques.

La création de la Cellule formation en 1992 était dès lors une nécessité. Depuis lors, la cellule est responsable de la sélection et de la formation de tous les membres du personnel des Unités Spéciales. Tous les fonctionnaires de police des Unités Spéciales sont recrutés au sein de la police intégrée.

En fonction du profil exigé, des tests de sélection spécifiques ont été déterminés. Ces derniers varient en intensité et longueur ce qui permet de tester les différentes compétences. Lorsque le candidat réussit cette phase de sélection, il est amené à suivre une formation dont la durée peut varier de quelques semaines à 9 mois.

A côté de cette formation de « base », les membres des Unités Spéciales reçoivent également des formations continuées et ce, afin de rester au courant des dernières

techniques et tactiques.

Différentes spécialités

Au sein de la CGSU, plusieurs services sont actifs. Ces derniers travaillent régulièrement ensemble même s'ils ont chacun des tâches spécifiques.

1. Intervention

Certaines missions telles que des interventions auprès de personnes retranchées ou encore lors de prises d'otages, d'enlèvements, d'extorsions font partie des tâches de ce service.

A côté de cela, ce service effectue d'autres missions telles que des arrestations complexes sur la voie publique, des renforts lors de perquisitions, des transferts de détenus dangereux ou des protections de personnes.

Afin de mener à bien ces missions, des formations supplémentaires sont prévues et une vaste gamme de moyens spéciaux est disponible (armes spéciales pour tireurs d'élite, chiens

détecteurs d'explosifs et chiens d'attaque, par exemple). On procède aussi à des entraînements dans des situations et des conditions difficiles. Il existe également une étroite

collaboration avec des unités anti-terrorisme de pays voisins.

2. Observation

Ce service a été créé afin de renforcer et de soutenir le service Intervention. Les missions initiales de ce service étaient des filatures discrètes et des protections de VIP.

Le service central situé à Bruxelles joue également un rôle important dans la récolte d'informations en matière de terrorisme et de situations de crise.

Les spécialités du service observation sont :

- La cellule « Négociateurs » : ceux-ci interviennent lors de la gestion de situations de crise telles que les prises d'otages, les extorsions et les enlèvements ;

- Motards : pratique pour se déplacer rapidement dans des grandes villes ;

- Tracking : utilisation des techniques de moyens de localisation en appui à l'observation ;

- Camouflage : effectuer une observation statique le plus discrètement possible au moyen d'un camouflage ;

- Appui technique : placement de moyens techniques spécifiques tels que des caméras et ce, en appui direct à l'observation.

3. Chiens

Depuis 1984, les Unités Spéciales utilisent des chiens sur des terrains différents. En 2012, les Unités Spéciales disposent de 8 chiens détecteurs d'explosifs opérationnels permettant la recherche d'explosifs, de douilles ou encore d'armes à feu. Les Unités Spéciales disposent également de 2 chiens d'attaque capables de neutraliser des personnes dangereuses.

4. NTSU

En 1996, le « National Technical Support Unit (NTSU) » est mis sur pied. Ce service a pour mission principale d'appuyer techniquement les autres composantes de l'ESI ainsi que

d'assurer des dossiers judiciaires sensibles.

Suite à la spécialisation dans des domaines techniques de plus en plus pointus, ce service appuie efficacement le pilier judiciaire dans des domaines aussi divers que l'interception des

communications, la localisation et les formes discrètes de prises de vue.

En 2012, la mission prioritaire du NTSU réside dans le placement discret de moyens techniques. Le NTSU est également responsable de la gestion centralisée des données

récoltées grâce à ces moyens et ce, afin de rendre celles-ci les plus accessibles possible pour les services d'enquête. NTSU est aussi en charge du suivi des innovations technologiques et leur intégration dans les missions de la CGSU.

Le NTSU est organisé en trois piliers :

- « Placements techniques et tactiques » : placement discret et secret de moyens techniques

- « R&D/Appui opérationnel » : entre autres, appui informatique, camouflage des moyens techniques,…

- « Gestion des données » : récolte et redistribution des données techniques récoltées

5. UCT

Le team Undercover est composé d'une quarantaine de membres qui sont principalement engagés dans la lutte contre la criminalité grave et organisée.

Suite à l'évolution et l'adaptation permanentes des stratégies par les criminels, l'UCT doit, tout comme les autres services de la CGSU, sans cesse ajuster ses techniques et ses

tactiques. Une internationalisation de la criminalité organisée est également remarquée. C'est ce qui rend indispensable une bonne collaboration avec les teams Undercover étrangers.

Le « Relocation and Protection Team » fait également partie de l'UCT. Ce service est chargé d'effectuer les mesures de protection particulières pour les témoins menacés.

6. DVI

Le « Disaster Victim Identification Team » fête cette année ses 25 ans d'existence. Il est entré pour la première fois en action lors de la catastrophe impliquant le navire Herald of

Free Enterprise. Ce service a alors collaboré à l'identification des victimes ainsi qu'à restituer les restes humains aux familles. Après l'affaire Dutroux, un team permanent a été créé et

intégré aux Unités Spéciales. L'équipe est composée de 9 membres permanents (7 fonctionnaires de police et 2 civils) et de 93 membres volontaires. Ces derniers sont des

fonctionnaires de police et des civils qui, lors de moments de crise, sont rappelés afin de compléter et de renforcer l'équipe permanente.

Le team travaille en étroite collaboration avec plusieurs partenaires tels que la Cellule nationale des personnes disparues, des médecins légistes, le Service d'appui canin spécialisé

dans la recherche de restes humains, des odontologues médico-légaux,…

Actuellement, le DVI se rend en moyenne 170 fois par an sur le terrain pour effectuer entre autres, des « necrosearch » (déterrer des victimes de meurtre ou d'assassinat) et des

identifications dans le cadre de dossiers judiciaires ou de disparitions.

7. POSA : Pelotons Protection, Observation, Appui et Arrestation

Ces services décentralisés trouvent leur origine dans les années 80 après la confrontation de la Belgique à une vague de terreur telle que la Bande des Tueurs du Brabant wallon. Suite aux nombreuses demandes d'appui, les Pelotons POSA ont dû prendre à leur compte certaines missions de l'ESI et veiller aussi bien au niveau régional que local à apporter une réaction effective à la criminalité organisée.

En 1995, les POSA se sont retrouvés sous les ordres directs du Commandant de l'ESI et accomplissent, depuis lors, les mêmes missions que l'ESI à l'exception des prises d'otage,

des enlèvements, des « fort chabrol » (personne armée retranchée) et des opérations lors desquelles des compétences ou des moyens spécifiques sont exigés.

Actuellement, il existe 4 POSA en Belgique : Anvers, Charleroi, Gand et Liège.

Collaboration internationale

Depuis leur création en 1972, les Unités Spéciales ont toujours été impliquées dans une collaboration honnête et ouverte avec leurs collègues étrangers, tant au niveau européen

qu'au niveau international.

L'objectif est d'échanger des expériences, de collaborer d'un point de vue technique et tactique ainsi que d'apporter des moyens et du personnel lors d'exercices mais également

d'opérations.

Les attentats aux Etats-Unis (septembre 2011), à Madrid (mars 2004) et à Londres (juillet 2005) ont mené à une collaboration plus intense entre les Unités Spéciales européennes et à la création du groupe « Atlas ». Entre 2001 et 2008, la CGSU a assuré la présidence de cet accord de collaboration européen.

A côté de cela, il existe plusieurs autres accords de collaboration internationaux (« Crossborder Surveillance Working Group » et « International Specialist Law Enforcement »).

La devise du groupe Atlas « All together to protect you » transcrit bien le souhait de la CGSU de travailler avec ses collègues étrangers afin de contribuer à une société plus sûre.

Source : Police Fédérale