02 Incendies accidentels dans les fermes en 5 jours : mesures de précaution

En tant que zone de police, même si la matière des incendies accidentels relève techniquement du travail des pompiers, nos services sont fortement impactés en cas d’incendie : sécurisation des lieux, constats et enquête, évacuations, déviations, et autres actions en fonction des cas spécifiques rencontrés.

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En ces temps de fortes chaleurs et d’activités agricoles (rentrée des foins, ensilage,…) les équipements et les installations des agriculteurs sont fort sollicités. Les risques d’incendie accidentels sont alors plus élevés Il peut s’agir de départs de feu par auto-combustion mais également à partir d’autres causes. Deux de nos quatre communes (Ciney – Hamois – Havelange et Somme-Leuze) viennent d'être confrontées à deux sinistres de ce type (a priori auto-combustion) en moins de 5 jours! La mobilisation pompiers – police a été importante.

Nous reprenons certaines données ci-dessous qui peuvent aider à éviter ces événements sources de préjudices matériels importants et potentiellement dramatiques si du bétail et/ou des vies humaines sont touchés. Pour nous aider nous avons eu recours à la consultation d’articles et propos où des spécialistes s’expriment et renvoyons en fin d’article vers nos partenaires de la Zone de secours DINAPHI qui valide les recommandations qui suivent.

"L’humidité qui se trouve dans le ballot va favoriser le développement de micro-organismes qui vont commencer à enclencher une fermentation.", explique le major Emmanuel Belaire des pompiers de Liège, "Si cette fermentation est intense et qu’elle se poursuit, elle va générer de la chaleur. Et cette chaleur va rester emprisonnée dans le ballot. On peut monter à des températures qui, elles, vont amener une pyrolyse du matériau, c’est-à-dire un passage à l’état gazeux et ces gaz deviennent, eux, inflammables. Une fois que ces gaz sont au contact de l’air, s’ils ont une température suffisante, le ballot va s’enflammer."

Est-il possible de se prémunir contre ce phénomène ? "Oui.", répond le major Belaire, "Certains ballots sont emballés avec des bâches ce qui évite que la matière se trouve au contact de l’air et que la combustion puisse s’enclencher. Les organisations d’agriculteurs les encouragent à contrôler régulièrement la température de leurs ballots, à aller voir régulièrement leurs stocks, éviter, évidemment, de récolter quand il fait trop humide, bien prendre la peine de retourner plusieurs fois le foin avant de le mettre en ballots.".

Des incendies très compliqués

Eteindre un incendie touchant un stock de ballots est très compliqué, comme le détaille le major Emmanuel Belaire : "C’est une matière très compacte et donc l’eau a du mal à pénétrer au cœur des ballots. Bien souvent, évidemment, il y a beaucoup de ballots. Maintenant, on a des ballots, notamment pour la paille, qui vont jusqu’à 500 kilos. On ne sait pas les déplacer facilement. Des ballots comme ça qui sont déstabilisés par le feu peuvent s’effondrer et tomber sur les intervenants. Ça nécessite des grosses quantités d’eau et souvent des terrains avoisinants pour pouvoir étaler la paille et l’éteindre plus facilement. Si on la laisse en conditionnement compact, ça va brûler très, très longtemps. Ça survient souvent dans les semaines qui suivent la récolte si elle a été faite dans des conditions inopportunes. Ça peut arriver en dehors de ces périodes-là. C’est quand même beaucoup plus rare en hiver parce que, là, le foin ou la paille ont eu le temps de bien sécher.".Source : https://www.rtbf.be/article/lautocombustion-de-ballots-de-foin-source-potentielle-dincendies-importants-11220241

”La difficulté quand nous intervenons sur des ballots de paille ou de foin en feu, c’est d’atteindre le cœur du foyer, nous explique le Major Julien Gillet, directeur opérationnel au sein de la zone de secours de Wallonie Picarde. Si nous n’ouvrons pas les ballots, l’eau ne sait pas atteindre le cœur de ces derniers. La seule solution que nous avons est donc d’ouvrir les ballots et d’étaler la paille ou le foin sur un champ pour procéder autant que possible à l’extinction.

Les agriculteurs confrontés à ce type de sinistres anticipent généralement l’arrivée des hommes du feu sur les lieux en essayant d’évacuer autant que faire se peut les ballots stockés dans un hangar vers une prairie à l’écart de tout danger d’extension de l’incendie aux autres bâtiments et au corps d’habitation de la ferme.

Source :https://www.dhnet.be/regions/tournai-ath-mouscron/2023/06/27/feu-de-ballots-de-paille-comment-les-pompiers-de-wapi-leteignent-ils-52NOG62F6JBM3D4NWYU57N2BVM/

D’autres causes d’auto combustion ou combustion spontanée sont à épingler :

« La première chose à faire pour prévenir le risque de combustion spontanée est donc de prendre conscience des matières susceptibles de s’auto-enflammer présentes dans un milieu de travail. Le répertoire toxicologique de la CNESST en fournit une liste sur son site Internet, de même que la National Fire Protection Association aux États-Unis, dans son manuel Fire Protection Handbook. On y trouve l’huile de lin, mais aussi les huiles de poisson et une panoplie d’huiles végétales. « Certaines huiles ont tendance à s’oxyder facilement à l’air », explique Jamie Poch Weber. On trouve aussi dans ces listes les vêtements et chiffons imprégnés d’huile, le charbon, les fertilisants, les poudres métalliques, la chaux vive, les téguments d’arachide, le foin, le fumier, les résidus de laine ou de caoutchouc… Les matériaux sont différents, mais les conditions à surveiller pour éviter une combustion spontanée sont très similaires. Les listes sont diversifiées et valent la peine d’être consultées pour vérifier qu’on ne manipule pas une matière susceptible de combustion spontanée sans le savoir. En milieu de travail, ces matières seront souvent identifiées par le pictogramme « flamme » du système général harmonisé de classification et d’étiquetage des produits chimiques et accompagnées de la mention « Matières autoéchauffantes, peut s’enflammer » ou d’un autre avis similaire. Il faudra alors se référer à la fiche de données de sécurité du produit et consulter les rubriques 2, 5 et 10 pour connaître les dangers d’inflammabilité et les mesures de prévention d’incendie. Les produits vendus dans le commerce au détail (tel qu’une quincaillerie) n’auront pas obligatoirement une fiche de données de sécurité disponible du fournisseur, mais le risque de combustion spontanée doit être indiqué par un pictogramme de feu, et il doit être spécifié sur l’emballage que « Les matériaux utilisés avec ce produit, tels les chiffons, peuvent s’enflammer spontanément. Après utilisation, mettre les chiffons dans l’eau ou les sécher à plat, puis les jeter ».

Source : https://www.preventionautravail.com/pleins-feux-sur-la-combustion-spontanee/

A côté de ce risque lié à l'auto-combustion, nous rappelons qu'une installation agricole en règle et bien suivie au niveau technique et électrique, est déjà un facteur critique de succès dans la prévention des incendies.

Si les agriculteurs de nos contrées sont en recherche d’avis spécialisés, nous les invitons à prendre contact avec les experts de leurs fédérations agricoles et, bien sûr, les services de la Zone de secours DINAPHI (Tel: 084 219 990 - mail: info@zsdinaphi.be - Site internet: www.zsdinaphi.be).